Comment gérer un employé instable sur le plan mental : conseils et bonnes pratiques

En France, une personne sur cinq déclare avoir déjà ressenti un trouble psychique au travail, selon Santé publique France. Pourtant, rares sont les entreprises dotées de procédures claires pour réagir face à un comportement instable d’un collaborateur.

Certaines attitudes managériales, bien intentionnées, peuvent aggraver la situation au lieu de l’améliorer. La méconnaissance des signaux d’alerte et l’absence de cadre adapté freinent la prévention et la prise en charge. La responsabilité de l’employeur s’étend bien au-delà du simple respect de la législation.

Pourquoi la santé mentale au travail concerne tout le monde

Ce sujet ne se cantonne pas à la vie privée. La santé mentale au travail façonne la dynamique d’une équipe, pèse sur les résultats et bouleverse la stabilité de toute organisation. Face à un collaborateur difficile, les répercussions sont immédiates : baisse de performance, tensions, et ambiance plombée. L’ANACT le souligne : dans un environnement dégradé, l’absentéisme s’envole. Un comportement toxique ne fait pas qu’empoisonner l’atmosphère : il favorise les arrêts maladie, accélère le turnover, et enflamme les conflits internes.

La prévention ne s’arrête pas aux situations extrêmes. Le Code du travail impose un cadre strict pour protéger la santé psychologique au bureau. Le Conseil d’État ne laisse pas planer le doute : l’employeur est responsable d’un climat de travail serein. Managers et collaborateurs sont tous concernés ; personne n’échappe à ce devoir collectif.

Le bien-être ne se négocie pas : il conditionne la réussite du groupe. Les enquêtes menées par Eleas, TalentLMS, Culture Amp ou SHRM sont catégoriques : collègues toxiques et conflits réguliers poussent les meilleurs éléments vers la sortie, érodent l’engagement et sapent la productivité. Un climat tendu finit toujours par faire chuter la motivation et les résultats.

Voici les principaux risques qui menacent l’organisation quand la santé mentale est négligée :

  • Problèmes de santé mentale : absentéisme, rotation du personnel, baisse des performances
  • Conflits non résolus : ambiance dégradée, arrêts maladie qui s’accumulent
  • Environnement de travail : il peut dynamiser ou freiner l’efficacité du collectif

Négliger la santé mentale au travail, c’est prendre le risque de voir l’entreprise s’enrayer, humainement et économiquement.

Reconnaître les signes d’instabilité chez un collègue ou un membre de son équipe

Repérer un trouble psychique demande de l’attention, parfois du doigté. Les signes ne s’affichent pas toujours en grand. Un manager avisé saura déceler l’origine d’un comportement difficile et repérer des attitudes inhabituelles. Cela peut prendre la forme d’une irritabilité soudaine, d’un retrait discret, de brusques va-et-vient émotionnels, ou encore de réactions disproportionnées lorsqu’une critique fuse. Parfois, c’est l’absentéisme qui devient la règle, les retards se multiplient, et la productivité s’effondre par à-coups : autant d’indices d’un burn-out ou d’une anxiété persistante. Un comportement toxique sème le stress, détériore l’ambiance et, à la longue, pèse sur l’ensemble de l’équipe. Quand la tension devient chronique, le burn out guette : fatigue écrasante, désintérêt marqué, démotivation profonde prennent le relais.

Quelques indicateurs à surveiller :

Certains signaux doivent alerter le manager et l’inciter à réagir :

  • Changements de comportement ou d’humeur soudains
  • Irritabilité, réactions excessives, disputes fréquentes
  • Difficultés à assumer la charge de travail ou à collaborer
  • Tendance à l’isolement, retrait des échanges collectifs
  • Problèmes de concentration, oublis ou erreurs inhabituelles

Ici, il ne s’agit pas de jouer au thérapeute mais d’observer, d’interroger le contexte, et de s’en tenir aux faits. L’enjeu ? Savoir faire la différence entre une difficulté passagère et un malaise durable, un excès de stress et un trouble profond, un incident isolé et un signal d’alerte répété. La vigilance partagée reste le meilleur rempart pour préserver la santé collective et la qualité de vie au travail.

Quelles attitudes adopter pour soutenir un employé en difficulté mentale ?

Pour aider un salarié fragilisé, il faut avancer sur une ligne de crête : offrir du soutien sans tomber dans l’indulgence, écouter sans renoncer à la clarté. D’abord, ouvrir la communication. Un vrai entretien, mené dans un espace neutre, lance la discussion. On laisse les jugements de côté : seuls les faits, rien que les faits. Prendre le temps d’écouter permet de mesurer l’étendue des difficultés et d’orienter, si besoin, vers des ressources adaptées.

Dès que la situation dépasse le strict cadre de l’équipe, il est indispensable d’associer les ressources humaines (RH). Leur rôle : proposer des ajustements (modification temporaire de la charge, adaptation des horaires, recours à un coach ou à un médiateur externe). La confidentialité doit toujours primer. Il est aussi fondamental de traiter le salarié en difficulté avec la même équité que le reste du collectif : pas de stigmatisation, pas de deux poids deux mesures.

Entretenir une culture du feedback redonne de l’élan à l’équipe. Il ne s’agit pas de ne remarquer que les résultats : saluer les efforts, même modestes, permet parfois de relancer la confiance. Fixer des limites claires, rappeler les règles du jeu collectif, fait aussi partie du processus. La bienveillance n’exclut jamais la fermeté. Gérer ces situations impose de trouver l’équilibre : soutenir la personne, mais préserver la dynamique du groupe.

Femme HR écoute un jeune employé dans une salle de pause

Créer un environnement professionnel qui favorise le bien-être mental au quotidien

Un environnement de travail sain ne se décrète pas à coups de slogans. Le manager tient la barre, ajuste les postures, maintient l’équilibre collectif. Quelques principes structurent cette vigilance : prévention des tensions, objectifs clairs, répartition juste des tâches. L’article L 1152-4 du Code du travail est sans ambiguïté : l’employeur doit prévenir les risques psychosociaux et garantir la sécurité de tous.

Le dialogue social sert de garde-fou contre les dérives. Instaurer des échanges réguliers, maintenir des points d’équipe, déminer les conflits avant qu’ils ne s’enveniment : voilà ce qui consolide le collectif. La formation devient un levier central : selon l’ANACT, former les managers, c’est leur permettre de détecter les failles, de désamorcer les tensions et de protéger l’équilibre du groupe.

Un partage équilibré de la charge de travail évite l’épuisement. La surcharge et la pression constante minent la santé mentale, dégradent l’engagement, et font grimper les arrêts maladie. Les chiffres de Culture Amp et SHRM ne laissent pas de place au doute : là où l’ambiance se détériore, le turnover explose. La responsabilité de l’employeur, régulièrement rappelée par le Conseil d’État, englobe à la fois la prévention et la gestion des comportements à risque.

Voici les leviers à actionner pour protéger l’équipe et faire de la santé mentale un atout collectif :

  • Former les managers à la gestion des situations complexes
  • Savoir repérer les signaux d’alerte
  • Assurer une répartition équitable des missions
  • Appliquer sans faille les procédures du droit du travail

Quand ces piliers tiennent bon, la prévention devient une force silencieuse : le collectif se renforce, la performance s’installe, et le bien-être quotidien n’est plus un luxe inaccessible.